En affichant les pesticides contenus dans une pomme vendue dans le circuit traditionnel, Biocoop voulait amener le consommateur vers les pommes bio. Malgré la véracité des chiffres qu’elle annonçait, la société est condamnée pour dénigrement et appel au boycott.
Écoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin à 6h10 et 7h22 du lundi au vendredi, dans « Quelle époque éthique », une chronique à télécharger :
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La chaîne de magasins bio Biocoop vient d’être condamnée par le Tribunal de Grande instance de Paris pour dénigrement et appel au boycott. C’est quoi cette histoire ?
Elle commence lorsque Biocoop lance sa campagne publicitaire en septembre 2014. Le message d’alors est assez simple, n’achetez pas de pommes traitées chimiquement ! Sous-entendu les pommes non bio sont bourrées de pesticides donc Mangez des pommes bio ! Et Biocoop de préciser allègrement d’où elle tient cette information, en l’occurrence d’une étude de l’INRA, tout à fait digne de confiance, et de quels pesticides la pomme est bourrée, et là, la liste est longue. On n’oublie pas en effet, une pomme reçoit une trentaine de traitements avant d’être mise en vente, ce qui n’augure rien de bon pour notre santé. Tout cela est donc vrai et vérifiable, ce n’est donc pas de la publicité mensongère. N’empêche, ça n’a pas arrêté les 3 organisations plaignantes que sont Interfel, l’interprofession des fruits et légumes frais, l’ANPP, l’association des producteurs de pommes et la FNPF, la fédération nationale des producteurs de fruits, qui ont immédiatement accusé la chaîne de magasins bio de causer un dommage à toutes les filières et d’induire le consommateur en erreur…
Induire le consommateur en erreur avec des informations exactes… c’est un peu le comble, non ?
Fin 2014, le TGI avait paru d’accord avec vous puisqu’il avait tout simplement rejeté la requête des 3 groupements plaignants. Il avait estimé en effet que la campagne de Biocoop ne trompait pas les consommateurs et que les données étaient exacts. Dont acte. Et puis retournement de situation : la campagne de pub a été jugée anti-concurrentielle et Biocoop condamné à payer 10 000 € à chacune des 3 organisations. Organisations qui ont affirmé que l’ensemble de la filière fruits et légumes fait son maximum pour proposer des produits sains aux consommateurs, sain n’étant pas bio et qu’il faut absolument que nous continuions de manger au moins 5 fois des pesticides par jour !