En 50 ans, 20 millions de tonnes de boues rouges ont été déversées dans la Méditerranée par la société Altéa, ce qui représente des tonnes d’arsenic, de titane, de chrome et de plomb. Une catastrophe écologique et sanitaire soutenue par le gouvernement ?

Écoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin à 6h10 et 7h22 du lundi au vendredi, dans « Quelle époque éthique », une chronique à télécharger :
Version audio :
Version écrite :
On reparle régulièrement des fameuses boues rouges toxiques déversées depuis 50 ans dans la Méditerranée. Et si on faisait le point ?
Les boues rouges, c’est cette masse orange qui tapisse le fond de la Méditerranée dans le Parc national des Calanques, où vivent des dizaines d’espèces marines protégées, menacées ou rares. Leur origine ? Le groupe Altéo, premier producteur d’alumines indispensables à la production de céramiques pour l’électronique et les écrans à cristaux liquides dont la matière 1ère depuis 1966 est la bauxite. Une tonne de cette roche orange chauffée à blanc produit 500 kg d’alumine, les 500 kg restants sont des déchets toxiques, ces boues rouges qu’on relâche directement dans la mer. Au total depuis 50 ans, 20 millions de tonnes ont été déversées sur 2400 km2, ce qui représente, selon le mouvement « Collectifs Littoral » des tonnes d’arsenic, de titane, de chrome, de plomb et de mercure, des matières qui détruisent la nature mais aussi le système nerveux des jeunes enfants et des fœtus et qui ont toutes sortes de conséquences que l’on découvre progressivement.
Des risques que l’on a fini par établir : d’ailleurs après une bataille sans fin et de multiples analyses scientifiques, depuis le 1er janvier 2016, le rejet des boues rouges est interdit
Et alors ? L’État, via une autorisation préfectorale du 28 décembre 2015, continue d’autoriser l’entreprise Altéo de déverser en mer, jusqu’en 2022, des eaux résiduelles issues du filtrage des déchets. Des eaux très polluées bien sûr. Les opposants au boues rouges crient au scandale et ont demandé à consulter le compte-rendu de la réunion interministérielle du 13 novembre 2015 au cours de laquelle Manuel Valls aurait exigé qu’Altéo puisse continuer à déverser ses déchets liquides dans la Méditerranée. Demande accordée le 6 Janvier par le tribunal administratif de Paris.
Pour quelles raisons le gouvernement prend-t-il de tels risques, pour l’emploi ?
Bien sûr, c’est toujours l’argument des Cassandres : Altéo emploie 450 salariés et fait travailler indirectement 1000 personnes au moins dans la région. C’est un argument important vue notre crise actuelle. Mais cela ne peut autoriser une attitude aux conséquences graves pour la région. Pour mémoire, les associations de pêcheurs, de riverains, et de protection de l’environnement rappellent qu’un ultimatum avait déjà été fixé à Altéo, Péchiney à l’époque, il y a 20 ans et quelques millions de tonnes de boues rouges plus tôt…