La municipalité de Rotterdam étudie la possibilité de forcer certaines femmes à utiliser un moyen de contraception par décision de justice afin d’éviter les cas de maltraitances et de négligences.
En passant au-dessus de la Convention européenne des droits de l’homme ?
Écoutez Yolaine de la Bigne derrière le micro de Sud Radio ! Retrouvez-la chaque matin à 6h10 et 7h22 du lundi au vendredi, dans « Quelle époque éthique », une chronique à télécharger :
Version audio :
Version écrite :
Après l’affaire de l’interdiction des avortements en Pologne, voilà qu’aux Pays-Bas, on envisage de forcer des femmes à utiliser un moyen de contraception…
Cela se passe en ce moment à Rotterdam. Hugo de Jonge, l’adjoint au maire propose d’entamer une discussion au conseil municipal sur le sujet et, à terme de légiférer, afin que des tribunaux puissent décider de la pose d’un implant ou d’un stérilet sur certaines femmes. Le but ? Éviter les cas de maltraitance ou de négligence dus au fait que ces mères seraient ou sont incapables de s’occuper de l’enfant qu’elles mettent au monde. Le projet concernerait 400 mères potentielles, souffrant de déficiences mentales, droguées, sans abri ou prostituées. Les partisans de l’initiative soulignent que chaque année des centaines de jeunes enfants doivent être retirés de leur foyer et que des dizaines de cas de mauvais traitement ont une issue fatale. Les raisons sont donc sérieuses, la méthode est-elle acceptable ? Voici un vrai problème éthique !
Justement j’imagine que les débats font rage aux Pays-Bas en ce moment
Le ministère hollandais de la santé refuse de s’exprimer sur l’initiative, précisant que, pour l’instant, un juge peut seulement décider de placer une femme enceinte sous surveillance. Quant à l’initiateur du projet, il enfonce le clou et dit : « Les temps ont changé, le droit de l’enfant à grandir en sécurité est (aussi) un droit fondamental ». Mais le raisonnement ne convainc pas la Société royale de médecine néerlandaise (KNMG) qui a qualifié le projet de « non souhaitable, inefficace et infaisable ». L’un de ses membres, le docteur Gert Van Dijk, qui est spécialiste des droits éthiques précise même que le projet serait contraire à la Convention européenne des droits de l’homme. Ce qui semble évident. Pour faire face à un problème aussi délicat, mieux vaut convaincre que contraindre, mais comment ?