L’été s’achève et les surfeurs, déjà un peu mélancoliques, se remémorent leur lot estival de vagues… Et de déchets en tout genre. Les océans sont pollués et beaucoup tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années déjà. C’est le cas de la Surfrider fondation Europe qui organise pour la première fois cette année un festival responsable : Océan climax. Le but ? Sensibiliser la France entière. Concerts live, activités, conférences et interventions de personnalités politiques… les festivités ont commencé ce jeudi 10 septembre et se termineront aujourd’hui. Pour en savoir davantage, Néoplanète a rencontré Stéphane Latxague, le directeur exécutif de l’ONG.
Comment une association de sauvegarde du littoral, créée par des surfeurs, a-t-elle eu l’idée et l’envie de se téléporter à Bordeaux pour organiser un festival musical ?
Surfrider fondation Europe a fêté ses 25 ans cette année. 25 ans, c’est un bel anniversaire mais une fois que l’on a dit cela, que fait-on ? Nous ne voulions pas rester sur ce chiffre et se congratuler sur les avancées, tout en pleurant les dégâts que l’on ne peut plus rattraper. Nous voulions en faire plus et c’est comme ça que l’idée d’Océan climax est née. Notre but est de rappeler que le combat continue et que la mobilisation est aujourd’hui plus essentielle que jamais. Notre événement a d’autant plus de sens cette année qu’il amorce une rentrée responsable et mène en ligne droite vers COP21.
Pourquoi avoir choisi une ville urbaine et non pas une plage pour ce festival placé sous le signe du surf ?
C’est un choix totalement motivé par des raisons écologiques. Deux considérations nous ont empêchés d’imaginer un Océan Climax sur la plage. D’abord, nous ne voulions pas créer des installations éphémères coûteuses qui auraient générées des déchets. Ensuite, nous voulions un site qui accessible en transport en commun. Nous ne voulions pas faire monter le bilan carbone des festivaliers. Pour venir, il vous suffit de prendre le métro, le tram, le bus ou votre vélo ou bien, si vous êtes plus loin, de sauter dans un train. Et puis, c’est l’occasion pour ceux qui viendront de (re)découvrir le Darwin Eco-Système.
Qu’attendez-vous de cet événement ?
Cela fait donc 25 ans que nous nous battons pour la préservation des océans. Nous avons pris conscience des dégâts irréparables, nous avons estimé ceux que nous pouvons encore contenir ou tenter de réparer et ceux qu’il faut prévenir. Avec ce festival, nous voulons toucher encore plus de monde. Nous devons sensibiliser les esprits et aider les festivaliers qui ne le sont pas encore à devenir responsables et même, s’ils le souhaitent, bénévoles.
Je discute avec beaucoup de personnes, parmi lesquels des artistes que nous accueillions sur Océan climax, qui pensent manquer de légitimité pour porter ce combat. Je voudrais qu’ils ressortent de ce festival armés de force et de détermination. Toute aide est la bienvenue et chacun peut contribuer, à son échelle, à changer les choses. Nous sommes tous légitimes lorsque nous œuvrons pour sauver les océans.
Quelle différence entre un festival comme le vôtre et un festival de musique engagé type Solidays ?
La grosse différence tient dans la conception du projet. Avec Océan climax, nous avons pensé un projet pour soutenir une cause. Sans cause, notre festival n’a pas lieu d’être. Nous n’avons pas ajouté un message à un festival de musique mais créer un festival pour porter un message.
La mobilisation climatique est au centre de l’événement même si certains pourraient penser qu’il est paradoxal de créer un festival de cette ampleur pour sauver l’environnement. Au final, nous restons implantés dans la logique de la COP21 : un événement dédié au climat dont les effets positifs devraient être largement supérieur au bilan carbone généré. Ce paradoxe m’aurait sûrement freiné il y a 15 ans. J’avais en effet en tête une seule chose : le bilan carbone. Aujourd’hui, le bilan principal portera sur l’engagement.