La circulation alternée limite bien le trafic mais ne supprime pas la pollution

crédit wikipédiaLe test en vraie grandeur de circulation alternée en Île- de-France - ce lundi 17 mars – a démontré son efficacité en réduisant bien le nombre de voitures en circulation de près de 50% mais sans régler le problème de fond de la pollution atmosphérique.

Pour la deuxième fois en 17 ans, la France a en effet testé la circulation alternée des voitures dans la région parisienne où le trafic quotidien dépasse un million de véhicules, responsables d’environ 40% de la pollution de l’air. La gratuité des transports en commun avait accompagné la mesure phare prise par le Premier ministre, soumis à une forte pression des écologistes.

Bonne surprise : cette forte contrainte - une journée les voitures paires et le lendemain, les impaires – a été bien respectée par les automobilistes dont on ne loue pas toujours la discipline. Un peu plus de 5000 contraventions (seulement) ont été dressées. Après une dizaine de jours de dépassements des alertes à la pollution aux particules fines – celles qui pénètrent le plus profondément dans les poumons – on respirait mieux lundi à Paris et le test a montré que les automobilistes savaient s’organiser autrement : location de voitures, auto-partage (exemption pour les voitures transportant trois personnes) et forte demande de covoiturage, vélo. On a noté de fortes demandes de locations de voitures électriques et de vélos (Autolib’ et Velib’).

Il reste que ces solutions, y compris le projet de vignettes de couleurs différentes apposées aux véhicules selon leur niveau de pollution, ne règlent pas la question de la pollution elle-même. Il y a moins de voitures sur les voies mais elles ne polluent pas moins. Le covoiturage est déjà plus efficace puisque – en ville – les voitures ne sont en général occupées que par le conducteur. L’autre solution consiste bien sûr à développer davantage des transports en commun pratiques et performants, à favoriser la location de véhicules électriques et le vélo si les pistes réservées le permettent.

Et les voitures elles-mêmes ? Les motorisations évoluent mais pas assez vite pour réduire la pollution dans de fortes proportions. L‘électrique n’en est qu’à ses prémisses. Et la France a tellement favorisé le Diesel que deux voitures sur trois roulent au gazole et que les filtres à particules ne sont pas encore assez répandus. Or les particules ultrafines (PM10) en cause dans ces épisodes de pollution viennent d’être classées (en 2013) cancérigènes par l’OMS via son Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui est basé à Lyon, une ville qui vivait toujours mardi de nouveaux pics de pollution.

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Yves Leers

Journaliste spécialisé dans les questions d’environnement (AFP), conseil en développement durable (L’Atelier du climat), ex responsable de la communication et de l’information de l’ADEME.