Arcane la pouliche arabe refuse de monter dans le van, Azur, chatte siamoise miaule tout au long du chemin en voiture, Carmin, chien berger belge, tremble dès que la voiture démarre… Nombre d’animaux ont peur des transports motorisés. Et parfois même le mal des transports.
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Rien n’est moins naturel que de transporter les animaux. Ils ne sont simplement pas faits pour ça.
Voiture, van, train, avion, bateau… Tous ces véhicules sont surélevés. Il s’agit alors pour l’animal de quitter la terre ferme. Les chevaux, vaches, et autres herbivores perçoivent le vide sous leur corps ce qui les perturbent car cet espace nouveau peut dissimuler un danger. D’autant que le mouvement et le déplacement s’ajoutent à l’impression de vide. Le mouvement est imposé par le conducteur : l’animal ne peut ni freiner ni accélérer. Il est impuissant et se sent impuissant. Dans un navire, s’y ajoute la houle ; dans l’avion le tangage au gré des airs. Les sensations que l’animal perçoit sont en décalage par rapport au mouvement imposé à son corps. Il est immobile et pourtant il bouge ! Inondé d’informations, son cerveau répond de façon inadaptée et n’arrive plus à réguler l’équilibre.
Ces perturbations se traduisent souvent par le mal des transports (ou cinétose) et donc des symptômes comportementaux et organiques variables selon les espèces. L’animal est d’abord inactif, immobile, il baille, tremble, respire vite, parfois gratte le sol, gémit, ou s’agite. Côté physiologique, il salive, bave, a des nausées, vomit, donne de la voix, etc. Cela peut aussi provoquer une perte d’équilibre. Tous les transports créent une stimulation intense et inconnue car jamais un animal ne court aussi vite en changeant si souvent et si rapidement de direction que dans un véhicule motorisé…
Des signes troublants
Ce n’est pas tout. Notre passager à quatre pattes a d’autres raisons d’avoir peur de voyager. Ainsi des chevaux ou des chiens qui ont toujours circulé sans problème, refusent de monter, de séjourner, ou de descendre d’un véhicule. Souvent ils réagissent à des stimulations sensorielles inconnues ou à des signes de dangers pour leur espèce, des odeurs, couleurs, reflets, contacts, bruits… Chaque espèce a ses codes. Ainsi pour les vaches, chèvres, ou moutons, l’œil a besoin de sept fois plus de temps que celui de l’homme pour passer de la lumière du jour à un lieu plus sombre comme l’intérieur d’une camionnette. Elles ont donc peur lorsqu’on les brusque. Le jaune, le rouge, le blanc, couleurs lumineuses, effrayent aussi les vaches. Autre exemple : ce cheval refusant de monter dans un van imprégné d’odeurs de porcs ou ce chat terrorisé par la voiture qui sent le chien. Au mal des transports et aux besoins de chaque espèce peut aussi s’ajouter le vécu de chaque individu ou un mauvais souvenir qui se réveille.
Que faire ?
Choisir la bonne place, notamment le plancher d’un véhicule plutôt que les sièges ou les plages arrièrescar les vibrations y sont plus franches et sont moins angoissantes pour les animaux de compagnie (chien, chat, lapin, hamster…). Ouvrir la fenêtre pour que l’air circule, éviter les sources de stress supplémentaires (climatisation, chauffage, odeurs, musique), protéger les jeunes car les structures de l’oreille interne se développent au fil de la croissance des animaux. Mieux vaut, si possible, éviter de transporter un animal trop jeune, ou lui donner un relaxant (ces prescriptions atténuent les symptômes mais ne règlent pas le problème), et, enfin, savoir gérer son propre stress.
Côté transport, rien n’est donc acquis pour les animaux et leurs maîtres. Il est déjà remarquable que les animaux acceptent de voyager dans les « chevaux de fer », les oiseaux en action (avion), et autres véhicules terrestres fiers de leurs chevaux… dans le moteur.