A Gérardmer, une nouvelle gamme d’activités insolites et naturelles éclaire le massif des Vosges, pêle-mêlant musicothérapie et sylvothérapie.

Donner du sens au son, se jouer des éléments naturels au cœur de la forêt, apprivoiser l’eau, la pierre, la corne ou le bois pour les muer en instruments primaires, percussifs ou chantants, c’est la démarche passionnée de Sylvie Triboulot.

Un prénom prédestiné. Fleur de montagne, elle a poussé du côté de Briançon, sillonnant les pics et les vallées des Hautes-Alpes, basculant naturellement vers les métiers des hauteurs comme accompagnatrice en montagne et instructrice en marche nordique. En 1995, elle déboule à Gérardmer, dans le sublime massif des Vosges, entre lacs et montagnes, forêts et vallées. Son compagnon, lui, œuvre à l’ONF. Elle passe alors la porte de l’Éducation nationale pour devenir professeure des écoles. Mais l’appel de la forêt se fait trop pressant.
En 2015, la quadra quitte l’enseignement, rechausse ses souliers de randonnées et imagine des activités conjuguant balades en forêt et musicalité. Deux partitions majeures qu’elle maîtrise sur le bout des doigts. Flûte traversière, piano numérique et saxophone sont ancrés depuis l’enfance, enrichis de sa pratique récente du hautbois et des percussions. Elle s’attèle alors à la fabrication d’instruments de musique, en bois, en corne d’animaux, détournés de pommes de pins ou de coquilles d’anodontes.
Et les poissons dansent
Flûtes aquatiques, tambours d’eau, caisses claires de pierre, xylophones boisés, maracas de pins pour un concerto au gré des ateliers disséminés dans la frondaison ou au bord de lac. Entre apprentissage sonore, relaxation, promiscuité heureuse entre faune et flore, géologie, des bains de forêt où Sylvie vous accompagne, vous guide dans la pratique de ses instruments uniques, et vous lâche soudainement : « Retrouvons-nous plus haut, au prochain virage… » Seul au cœur de la nature, avec un stéthoscope pour écouter la sève qui bat au flanc des arbres ou du papier et un crayon pour coucher sur la feuille ce que vous inspire ce moment de communion. Du bonheur souvent, de la peur parfois… Mais surtout, un autre rapport aux éléments naturels : ludique, instructif et surprenant. Comme lorsqu’elle se joue des eaux du lac, immergeant tout en douceur des calebasses de bois surmontées d’une baguette creuse et provoquant la mélodie d’une flûte à bec. Ce qui lui vaudra la réflexion poétique d’un gamin de 4 ans : « Madame, quand vous jouez, est-ce que les poissons dansent au fond de l’eau ? ».